En alliant bois et polystyrène, un studio d’architectes marseillais a inventé une façon plus économique mais tout aussi écologique de bâtir des maisons passives. Explications.
Source We Demain. Par Jean-Jacques Valette. Publié le 19 Mai 2016
Deux Français inventent la maison zéro énergie, recyclable et montable en 15 jours
Comment rendre l’habitat écologique accessible au plus grand nombre ? C’est la question que se sont posé deux ingénieurs marseillais en 2013. Un an plus tard, ils réalisaient un prototype de maison passive (qui ne consomme presque pas d’énergie) en seulement quatre jours pour un budget de 30 000 euros. Un exploit dont la vidéo a depuis été vue plusieurs millions de fois.
Leur secret ? Combiner une isolation en polystyrène de 30 centimètres d’épaisseur à une ossature en bois et des fondations sur pilotis. Un choix qui pourrait sembler peu écologique à priori mais Yves Lozachmeur, l’un des deux cofondateurs de Pop-Up House, le justifie :
« Même s’il est extrait du pétrole, le polystyrène est un matériau à très faible empreinte carbone car il est en fait composé de 98 % d’air. Ceci lui apporte d’excellentes caractéristiques en terme d’isolation thermique et phonique. »
Autre avantage issu de la légèreté du polystyrène : des parois entières de cette matière peuvent être manipulées par les ouvriers sans recourir à des engins de chantier. Résultat, moins de coûts de location de machines et donc un bilan carbone plus léger lors de la construction.
De plus, le polystyrène est produit par de nombreuses usines en France, ce qui limite les besoins de transport longue distance. C’est aussi un matériau 100 % recyclable, d’autant qu’il est assemblé sans colle, en étant compacté entre deux planches de bois.
Grâce à cette technique, les maisons Pop-Up House peuvent être bâties en seulement quinze jours. L’entreprise se charge des études techniques, de la livraison des matériaux et forme des ouvriers locaux pour la construction.
Une telle maison résiste-t-elle au feu ? « Oui, car en plus d’être ignifugée, la mousse est protégée par des panneaux d’aggloméré qui résistent très bien à la chaleur », assure Yves Lozachmeur.
Les risques d’incendie y sont de toute façon limités, puisque les poêle à bois et autres cheminées y sont inutiles. Les larges baies vitrées de la maison et sa ventilation double-flux suffisent à y assurer une température agréable tout au long de l’année.
Si l’on décide de l’équiper de quelques panneaux solaires, l’habitation peut même devenir à énergie positive et donc produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
Et côté prix ? « Il faut compter entre 1300 et 2000 euros du mètre carré pour une maison clé en main et entre 700 et 900 euros du mètre carré pour une maison à l’état hors d’eau hors d’air ».
Deux ans après sa création, la jeune entreprise marseillaise a déjà bâti plus de quarante maisons et emploie 30 personnes. Un succès qui lui a valu le label French Tech. Prochaine étape ? « On souhaite désormais exporter notre technologie dans toute l’Europe afin de démocratiser la construction passive. »